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Libération
portrait

Merlin l’enchanteur

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Léon-Lef Forster. L’avocat de Pasqua, qui fut aussi celui de Strauss-Kahn et de Dray, est un redoutable ferrailleur sous l’aimable faconde.
publié le 4 mai 2010 à 0h00

Un matin, à l'entrée de la salle d'audience de la Cour de justice de la République. Des journalistes chargés de micros et de caméras s'approchent de Léon-Lef Forster. «Maître, maître, comment s'annonce l'audience ? Que va dire Pasqua ?»«Ecoutez, samedi j'ai vu les Naufragés du Fol Espoir au Théâtre du Soleil, c'était magnifique.»«Heu oui, mais…» L'avocat s'engouffre dans la salle. Devant les bancs de la presse, il se fait boute-en-train. Face à une journaliste plongée sur son ordinateur : «Je ne résiste pas à cette femme ! Elle me fait penser à Christine Boisson.» Hum, c'est qui ? «Tu la connais pas ? Elle jouait Marie-Ange dans Emmanuelle.» Ah… Durant les audiences, il s'improvise Sganarelle en portant silencieusement un gobelet d'eau à l'ancien ministre à la barre. «C'est de l'eau ?»fait Pasqua. Rires dans la salle. Un autre jour, c'est un mouchoir qu'il amène. «Je serais teeenté de dirrre que vous êtes un pèrrre pourrr moi», remercie l'ancien ministre. Rires encore.

Léon-Lef Forster a l'air de planer mais il est concentré. Pour Pasqua, il plaide deux heures sans notes. «Je suis très brouillon, prévient-il. J'improvise toujours.»«L'acoustique n'est pas bonne dans cette salle, lance-t-il à la Cour, badin. On comprend pourquoi Marie-Antoinette a été condamnée.» L'avocat prend possession de la salle, tonne, s'esclaffe. Jongle sur des points de constitutionnalité, sur l'intime con