D’ordinaire, les spécialistes de la douleur sont plutôt tristounets. Daniel Annequin, lui, détonne. Il bouge sans cesse, aime le vélo, parle avec abondance, répond à deux téléphones en même temps, s’ennuie en vacances, ne se prend pas au sérieux. Et enfin, a des yeux bleus très clairs.
Daniel Annequin ou l'aspirine qui pétille. Ce jour-là, il est comme toujours, suroccupé. Dans son bureau au septième étage de l'hôpital pédiatrique Armand-Trousseau à Paris, une cadre infirmière des urgences lui demande conseil. «Qu'est-ce qu'on fait ? C'est un enfant terrorisé, il ne veut pas qu'on le touche. Il a une plaie à l'œil. Et il faut le suturer.» Daniel Annequin connaît le risque d'une telle situation : s'il ne trouve pas très vite un «petit truc», alors ils se mettront à trois ou quatre soignants pour tenir l'enfant et lui faire les soins. «Essayez de lui donner une petite dose de kétamine, lâche Daniel Annequin, c'est un produit anesthésiant, un peu comme le LSD, ça marche pas mal pour détendre.»
Autre jour, autre douleur : nous sommes début janvier. Les médecins et le personnel soignant de l'hôpital Armand- Trousseau viennent d'apprendre la nouvelle. Au conseil exécutif de l'Assistance publique des hôpitaux de Paris a été présenté le nouveau plan de réorganisation des établissements hospitaliers de Paris. Et il prévoit la transformation radicale de Trousseau, avec la fermeture de tous les services de pédiatrie spécialisée. «Les jours qui ont