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Libération
Enquête

Le majordome, dans le salon, avec le dictaphone

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Le maître d’hôtel de la famille dit avoir enregistré les conversations de Liliane Bettencourt de son propre chef.
publié le 23 juin 2010 à 0h00

La première fois, le maître d'hôtel a tremblé. Il a posé le dictaphone sur le bureau de Liliane Bettencourt, l'a discrètement recouvert d'un morceau de feutrine et s'est éclipsé comme l'aurait fait Scapin. Puis il a pris de l'assurance. Il s'est amusé d'entendre, sur ses enregistrements, le financier Patrice de Maistre expliquer à l'héritière de L'Oréal que la pièce avait été passée «au peigne fin» et qu'il n'y avait pas de micro. Pascal B. a été douze ans le majordome attitré d'André Bettencourt, le mari de Liliane, jusqu'à sa mort en novembre 2007. Il servait à table. On l'appelait pour amener le thé et le café sur un plateau lorsque la milliardaire recevait ses conseillers dans l'ancien bureau de son mari. Il entrait, posait le plateau, son dictaphone, et sortait.

L’exercice a duré plus d’un an, jusqu’au mois de mai. Au total, ses enregistrements remplissent 28 cédéroms, dont 6 seulement ont été retranscrits. Dans les extraits sonores, mis en ligne depuis hier par Mediapart, on entend le cliquetis des petites cuillères sur les soucoupes de porcelaine de l’héritière de L’Oréal. Les questions incongrues de Liliane Bettencourt, ses silences, ou son amusement. Et la voix grave, directive, répétitive aussi, de Patrice de Maistre, le gestionnaire de la fortune de la milliardaire.

Deux clans. Ni barbouze ni maître espion, Pascal B. n'imaginait pas donner matière à une affaire d'Etat. «Il a agi de sa propre initiative, voyant l'ambiance délétère qui ré