Faut-il démolir les grands ensembles ? Le gros bon sens du café du commerce dit que oui. Et quand il est partagé par les politiques, cela donne une action de démolition-reconstrution massive. Sans doute espère-t-on, en gommant tours et barres, effacer du même coup la pauvreté, le chômage et les problèmes d’intégration qui s’y trouvent. L’Agence nationale pour la rénovation urbaine a été créée en 2003 par le gouvernement Raffarin dans ce but, et s’y emploie depuis, en cassant par petits morceaux un peu partout en France.
Recherche d’égalité
Sur ce choix de la pelleteuse, que disent les architectes ? Pas grand-chose. Le plus souvent, la profession laisse critiquer les grands anciens qui ont tout de même résorbé le mal-logement de l’après-guerre. Et pourtant, les grands ensembles ont parfois une pensée à défendre. L’Ecole d’architecture Paris-Belleville s’emploie à le prouver dans une expo (1) centrée sur cinq exemples importants : la Butte-Rouge à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), les Courtillières à Pantin (Seine-Saint-Denis), Les Lochères à Sarcelles (Val-d’Oise), Teisseire à Grenoble (Isère) et Les Hauts de Rouen (Seine-Maritime).
Jean-Patrick Fortin, architecte et enseignant à Paris-Belleville, commissaire de l'exposition, tient d'abord à expliquer la naissance du genre. «Le grand ensemble a été inventé à Mourenx, dans les Pyrénées-Atlantiques, après la découverte du gaz de Lacq», au début des années 50. Il fallait loger les salariés des nombreuses