Il espérait l'audition de Michèle Alliot-Marie depuis des années. «Je suis indigné par ce témoignage, et le mot n'est pas trop fort», s'emporte Me Jean Balan, l'avocat de plusieurs parties civiles dans l'affaire du bombardement par un avion de l'armée ivoirienne d'un cantonnement français, le 6 novembre 2004, à Bouaké (Côte d'Ivoire). Ce raid avait fait neuf morts et 38 blessés dans les rangs français, déclenchant une crise sans précédent entre les deux pays et entraînant le départ de 8 000 Français. On ne sait toujours pas qui a ordonné cette attaque sanglante contre des soldats déployés au sein de la force Licorne dans le cadre d'une mission de maintien de la paix.
Mercenaires. Le 7 mai, la garde des Sceaux a été entendue durant quatre heures par la juge d'instruction du Tribunal aux armées de Paris (TAP), Florence Michon, chargée de l'enquête pour «assassinats, tentative d'assassinats» ouverte en 2005. Comme a pu le constater Libération, MAM, ministre de la Défense à l'époque des faits, a consciencieusement esquivé toutes les questions gênantes de la juge. Notamment celle-ci : pourquoi Paris a-t-il laissé filer les pilotes - des mercenaires slaves - soupçonnés d'avoir mené ce raid meurtrier ?
Dix jours après le bombardement, un groupe de huit Biélorusses avait été intercepté au Togo, en provenance de Côte d’Ivoire, et mis à la disposition des autorités françaises. Pourtant, celles-ci avaient décidé de ne pas interroger