Du jamais vu dans l'histoire du sida. Certes, depuis plus de vingt-cinq ans, les rapports entre pouvoirs publics et acteurs de la lutte contre la maladie ont toujours été complexes, sujets à des sautes d'humeur spectaculaires, mais là c'est inédit. On assiste à un incroyable tir groupé contre «l'indigence» du prochain plan gouvernemental 2010-2014 contre le sida. Mercredi, le Conseil national du sida (CNS) et la Conférence nationale de santé vont rendre public un avis extrêmement sévère que s'est procuré Libération. «Les autorités ne semblent pas avoir compris qu'on a changé d'époque, y explique le professeur Willy Rozenbaum, président du Conseil national du sida. Nous avons, aujourd'hui, les moyens d'arrêter l'épidémie. Et il ne se passe rien.» Même charge de Christian Saout, président de la Conférence nationale de santé. «Ce plan est une injure à l'avenir. C'est un copié-collé du précédent, alors que tout a changé.» Point d'orgue de cette colère unanime, ce week-end s'est tenue la convention d'Aides, la plus grosse association de lutte contre le sida. Son président, Bruno Spire, hier plutôt diplomate, s'est radicalisé. «Pendant des mois, on a fait des propositions. Au final, rien. On continue comme avant. Comme s'il ne s'était rien passé.»
Cette fronde a d’autant plus de poids qu’elle n’a cessé de se renforcer. Depuis plus de cinq ans, l’épidémie en Occident, mais aussi dans les pays du Sud, a changé de nature. L’arrivée