Un juge du siège statutairement indépendant contre un représentant du parquet sous tutelle de la chancellerie. A Nanterre, l'antagonisme entre Isabelle Prévost-Desprez, présidente de la 15e chambre correctionnelle, et Philippe Courroye, procureur de la République, se double d'une rivalité personnelle. Ex-collègues au pôle financier parisien, où ils ont instruit ensemble l'affaire de l'Angolagate, c'est peu dire que leurs destins ont bifurqué. Depuis deux ans, le tribunal de Nanterre vit au rythme de leurs algarades.
Manœuvre. En décidant, le 1er juillet, d'un supplément d'information à l'occasion du procès de François-Marie Banier pour abus de faiblesse, la juge Prévost-Desprez entendait retrouver son rôle de juge d'instruction, en vue d'exploiter les bandes enregistrées par le majordome de Liliane Bettencourt et de convoquer tous les protagonistes. Contre-attaque immédiate du procureur Courroye : opposé à la tenue du procès Banier, considérant initialement ces bandes sous le seul angle de l'atteinte à la vie privée, il ouvre depuis des enquêtes préliminaires tous azimuts, pour fraude fiscale, blanchiment, prise illégale d'intérêt. But de la manœuvre : conserver le dossier sous le coude, une enquête préliminaire diligentée par le parquet étant secrète et discrétionnaire, alors qu'un supplément d'information sous l'égide du tribunal est soumis au contradictoire de toutes les parties.
«Le parquet va massacrer tous les témoins en prélimi