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TRIBUNE

Encadrer la psychothérapie… au profit de qui ?

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par Elisabeth Roudinesco et Roland Gori, Psychanalyste et professeur émérite de l’université
publié le 16 juillet 2010 à 0h00

L’encadrement législatif des pratiques professionnelles en psychiatrie et en psychologie clinique semble procéder aujourd’hui de choix idéologiques, sécuritaires et clientélistes, beaucoup plus que d’un souci authentique des patients. C’est ce dont témoigne, tel un symptôme, la nouvelle réglementation de l’usage du titre de psychothérapeute.

L'article 52 de la loi du 9 août 2004, réglementant l'usage du titre de psychothérapeute, affirmait la volonté de Bernard Accoyer (président de l'Assemblée nationale) de protéger le public des charlatans et des sectes en réservant l'accès au titre de psychothérapeute aux médecins, aux psychologues et aux psychanalystes régulièrement inscrits dans les annuaires de leurs associations. La loi exigeait une formation en psychopathologie clinique pour tous les professionnels voulant faire usage de ce titre. Outre la traditionnelle confusion dans la loi entre «formation à la pratique psychothérapique» et «psychopathologie», une seule annexe des récents décrets d'application (décret n° 2010-534 du 20 mai 2010 relatif à l'usage du titre de psychothérapeute) vient d'enterrer la volonté politique de son promoteur en créant dans le champ de la santé mentale une nouvelle profession à mi-chemin entre le psychologue clinicien et le psychiatre. Le président Accoyer ne semble pas avoir pris la mesure de l'instrumentalisation de son projet de loi par le ministère de la Santé lorsqu'il salue la parution des décrets d'application en précisant que «cette