Alvaro Gil-Roblès est ancien commissaire aux droits de l’homme au Conseil de l’Europe. Il a effectué en 2005 un tour d’Europe des gardes à vue et des locaux de détention, et en a publié un rapport circonstancié.
Comment jugez-vous la garde à vue à la française ?
Quand le barreau de Paris m’a demandé de témoigner, l’an passé, en faveur de la présence de l’avocat dès le début de la garde à vue (GAV), j’ai expliqué qu’il s’agissait d’une garantie pour les détenus, mais également pour les forces de l’ordre. Tout est clair et net. On ne peut pas se trouver face à des accusations de mauvais traitement puisque l’avocat est là. C’est aussi positif pour l’autorité de l’Etat, qui ne peut être suspecté, ni mis en cause. Les droits de la personne sont respectés. Dans un pays démocratique, cela intéresse la collectivité. Les criminels qui peuvent dire, dans certains cas, que les policiers leur ont fait subir le pire, seront aussi dans l’embarras. Dans l’ensemble des pays européens, d’ailleurs, les syndicats de police approuvent cette présence. Le métier de policier est déjà difficile : être accusé par un malfaiteur d’être soumis à des pressions, lorsque ce n’est pas le cas, c’est très dur.
Comment cela s’est-il passé dans votre pays, en Espagne ?
On avait une tradition dictatoriale. Nous partions de loin. L’Etat de droit était inexistant. Il n’y avait pas d’entrave à l’enquête, mais à l’Etat de droit. Nous n’avions un avocat qu’au moment du procès. Nous sommes passés de cet état-là à la démocratie et, naturellement, la présence de l’avocat a rapidement fait partie d’une garantie constitutionnelle