Huit années de déclarations de guerre de Nicolas Sarkozy à la criminalité et d'opérations coups de poing dans les cités n'ont pas endigué le phénomène. «Ce sont les limites de la politique spectacle, dénonce Michel-Antoine Thiers au nom du Syndicat national des officiers de police (Snop). Comme on n'a pas les moyens de faire de la proximité, on met un grand coup de Kärcher et, au fond, on ne règle rien.» Il souligne «l'incohérence» du président de la République et du ministre de l'Intérieur à persister dans cette voie : «Si la politique sécuritaire menée depuis huit ans sur un mode répressif n'a pas permis de ramener la paix publique, cela signe bien son échec et démontre qu'appuyer encore là-dessus ne sert à rien. Il faut une politique de prévention digne de ce nom.»
«Dangereux». A son tour, Yannick Danio, délégué national du plus gros syndicat de gardiens de la paix, Unité SGP police, s'insurge contre le décalage entre les discours belliqueux du chef de l'Etat et le manque cruel de moyens de la police : «Ce vocabulaire de guerre est dangereux car on franchit un échelon supplémentaire de violence. Encore faut-il des soldats susceptibles de la mener face à des adversaires mieux armés. A Grenoble, on n'a plus de budget pour mettre de l'essence dans les véhicules de service, on n'a même pas les moyens de mener une bataille.» En vingt ans, la police a perdu 120 postes de gradés et gardiens sur 720 dans l'agglomération