Une dame très chic passe au pied de la tour Eiffel en tenant une petite fille par la main. Elle grommelle : «C'est stupide de démonter ce manège !» La fillette acquiesce. La scène se déroule vendredi matin. Depuis cinq heures, entourés d'une quinzaine de CRS, les employés de la société Legendre, spécialisée dans le démontage de structures lourdes, enlèvent une à une les pièces du manège avant de les stocker dans les trois semi-remorques garés à côté. En face du manège dépecé, toute la famille Alliot se serre sur un banc, têtes baissées. Seul Roger, le patriarche et propriétaire, reste droit, même s'il peine à masquer sa rage. Celle de la défaite après huit ans d'un bras de fer avec la mairie de Paris.
Redevance. Roger Alliot, 77 ans, «forain de conviction depuis son grand-père», fait tourner les chevaux de bois les plus rentables de la capitale depuis près d'un quart de siècle. Mais la mairie de Paris lui reproche d'occuper illégalement «une concession qui ne lui revient d'aucun droit puisqu'il ne dispose pas d'un titre officiel.» En 1986, Roger Alliot s'est installé grâce à un titre d'occupation provisoire de trois mois. Il n'est jamais parti. «A l'époque, les emplacements se négociaient toujours d'homme à homme avec le cabinet du maire.» Seize ans durant, il réussit à faire renouveler sa concession en s'acquittant d'une redevance s'élevant à 8 % de son chiffre d'affaires, soit environ 55 000 euros par an. «J'ai tous l