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Libération
Interview

«On a tout mis sur le dos des flics»

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Le Policier. Michel-Antoine Thiers, du syndicat d’officiers SNOP :
publié le 31 juillet 2010 à 0h00

«Nous avons été les premiers, en 2007, à dénoncer dans un rapport aux ministres de l’Intérieur et de la Justice l’inflation des gardes à vue (GAV) pour de mauvaises raisons, et à proposer une retenue courte moins stigmatisante et traumatisante pour les petites affaires. La garde à vue, qui était un outil d’enquête, a été confisquée par les pouvoirs publics qui en ont fait un outil statistique. A l’Intérieur, la politique sarkozienne, suivie ensuite par MAM et Hortefeux, était d’appuyer sur le champignon, d’interpeller et de placer en GAV à tour de bras. Il fallait du sécuritaire et du quantitatif.

Auparavant, la loi Guigou sur la présomption d’innocence de 2000 et le traitement en temps réel du petit judiciaire - ce qui partait d’une bonne intention - ont eu pour effets pervers de multiplier les gardes à vue. Submergés d’appels et trop peu nombreux, les magistrats des parquets nous demandaient systématiquement de placer en garde à vue, le temps de prendre connaissance du dossier et du casier judiciaire. Des magistrats, le week-end et la nuit, réclamaient parfois des GAV de complaisance. Les policiers ont été instrumentalisés et le système dévoyé par une obligation de résultats et diverses réformes, sans considération de la paix sociale. Tout a été pourri et perverti. Nous étions les premiers à souligner que 50% des GAV étaient inutiles et que ces affaires aboutiraient avec un peu plus de temps.

Mais personne en haut lieu n’a eu le soupçon de lucidité de s’asseoir avec nous pou