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Libération
Interview

«La consommation halal pèse quatre fois plus que le bio»

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Florence Bergeaud-Blackler, sociologue et experte en commerce international :
publié le 10 août 2010 à 0h00

Florence Bergeaud-Blackler est docteur en sociologie et chercheur associé à l'Institut d'étude et de recherche sur le monde arabe et musulman (Iremam) d'Aix-en-Provence. Avec Bruno Bernard, expert en commerce international, elle vient de publier Comprendre le halal (chez Edipro). A la veille du ramadan, et alors que la grande distribution n'hésite plus à célébrer cet événement, elle décrypte les raisons de cet intérêt des distributeurs et des consommateurs pour les produits halal.

Les produits halal ne se cachent plus ?

Ce que l’on peut dire, c’est que les consommateurs halal se cachent moins, et qu’ils sont sollicités à présent par les principales enseignes de la grande distribution. Casino a créé sa marque Wassila, et Carrefour propose la gamme Sabrina. La grande distribution a longtemps hésité à se lancer dans la distribution de produits religieux, en particulier islamiques. Ce n’était pas une question de coût car les produits halal ne sont pas globalement plus onéreux que les produits conventionnels. Mais elle ne pouvait garantir une certification halal fiable, et elle n’avait pas trouvé le moyen de communiquer sur le halal sans prendre le risque d’être prise dans l’engrenage d’un discours laïc offensif, ou d’accusations de groupes d’extrême droite pour qui la montée du halal est le signe d’une islamisation rampante organisée avec la complicité des firmes internationales.

Qu’est ce qui a changé ?

La grande distribution a fait ses calculs. Mieux vaut prendre ce risque que de se priver de la consommation d’une clientèle potentiel