La pratique est massive. En 2007, 70% des musulmans de France interrogés par l’Ifop déclaraient avoir strictement observé le jeûne du ramadan, contre 60% il y a vingt ans, 9% avouant n’avoir jeûné que pendant quelques jours. 20% affirmaient tout de même n’avoir pas jeûné, contre 32% en 1989. Et si les vieux se privent plus de nourriture que les jeunes, ces derniers respectent tout de même le ramadan à 69%, contre 85% pour les plus de 55 ans.
Comment analyser ces chiffres ? Les avis divergent. Sonia Tebbakh, docteur en sciences sociales, écrit que «le jeûne du ramadan et les interdits en termes d'alimentation et de consommation d'alcool sont les obligations qui font l'objet des principales adhésions et combinaisons (les individus choisissent de se soumettre à une seule de ces pratiques, à deux d'entre elles ou à toutes les trois)» (1). Elles seraient plus faciles à transmettre, pour les parents, que les cinq prières quotidiennes, qui sont un acte religieux extrêmement codifié - et contraignant. «Ces obligations sont également celles qui ont le plus fréquemment cours au sein même des familles d'origine maghrébine», poursuit Sonia Tebbakh.
Minarets. Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman, voit plutôt dans l'observance croissante du ramadan «un retour à la spiritualité, phénomène connu en période de crise». Pour les sociologues, cette pratique répond à des motivations identitaires plus que religie