Eric Woerth est fâché avec les chiffres. S’il s’agit d’oublis passagers, c’est simplement gênant pour l’ancien ministre du Budget et trésorier de l’UMP ; si l’omission est volontaire, le problème est tout autre.
Hier, le site Mediapart a exhumé la demande de prêt bancaire du candidat à sa réélection à la mairie de Chantilly (Oise). Début 2008, Woerth veut emprunter 6 500 euros sur huit mois auprès du Crédit agricole, pour les besoins de sa campagne. Demande classique, aisément exauçable, car tout candidat ayant obtenu plus de 5% des suffrages peut se faire rembourser ses frais de campagne. Maire sortant de Chantilly, Woerth est sûr de son coup. Mais ne peut s’empêcher de biaiser.
«Cohérent». Dans sa demande de prêt, il déclare 3 000 euros de revenus mensuels. Il est pourtant ministre (14 000 euros bruts par mois) et maire (2 400 euros). «Il s'agit d'un prêt lié à des élections municipales, c'est donc […] cohérent», justifiait hier son entourage auprès de l'AFP. Il serait ainsi «cohérent» de ne déclarer que ses indemnités de maire en vue d'un prêt de campagne municipale - nonobstant un différentiel entre 3 000 et 2 400 euros, une paille pour un élu.
Venant au secours du pouvoir, le Crédit agricole Brie Picardie n'y voit pas non plus malice. Ce prêt est «adossé à la garantie de remboursement de l'Etat et non aux revenus du candidat». Bref, ce serait une «banale avance de trésorerie». Soit. Mais prenant en compte les différents