La sécurité - qui n’est pas toujours «sécuritaire» - est une revendication populaire. Les classes défavorisées sont en effet les premières victimes de la violence urbaine et souvent, parmi elles, les personnes les plus fragiles - les femmes, les retraités -, pour la simple raison que les délinquants courent moins de risques en s’attaquant aux faibles. Les classes moyennes ou supérieures ne sont pas exemptes du phénomène, évidemment, mais en pouvant choisir leur lieu de résidence, en évitant les écoles à problèmes, en se dotant de systèmes de protection privés, elles bénéficient dans ce domaine d’une sorte de privilège social.
Même si elle a changé de point de vue depuis une quinzaine d’années, la gauche a longtemps négligé cette réalité. Attachée aux libertés publiques - c’est une de ses raisons d’être -, elle a souffert d’un déficit de propositions, prêtant le flanc à l’accusation d’angélisme ou de «naïveté», selon le mot employé par Lionel Jospin, pourtant l’un des protagonistes du virage réaliste des années 90. Symétriquement, la droite française a toujours joué sur cette opposition simpliste. Les uns agissent, dit-elle, les autres «proposent des colloques». Nicolas Sarkozy est ainsi l’héritier d’une longue tradition, même s’il a porté cette tactique à un nouveau point de surenchère. Le calcul de l’UMP comporte sa part de cynisme : si sa politique réussit, elle s’en prévaut. Si elle échoue, elle espère s’en tirer en radicalisant encore plus son discours, sachant bien que l