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Libération
TRIBUNE

Risque de déflagration sociale

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par Nicole MAESTRACCI, est Présidente de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale
publié le 17 août 2010 à 0h00

Le week-end du 1er août risque de rester comme un moment «révélateur», celui qui rend explicite un modèle de société qui restait jusqu'à présent dans l'ombre et le non-dit. Un moment où l'esprit de la Constitution, à savoir que tous les Français sont égaux devant la loi quelle que soit leur origine, est clairement remis en cause par ceux-là même qui devraient en être les garants.

L’avenir juridique des mesures annoncées est peu assuré, sauf à vouloir changer la Constitution. Chacun le sait. Mais, peu importe, aux yeux de ceux qui les portent. Ces annonces ont bien sûr le grand avantage d’occuper l’espace et le débat public. Mais au-delà, elles mettent en scène un clivage de plus en plus profondément présent dans les politiques publiques : les «bons Français» que l’Etat se doit de protéger et les «mauvais Français» qu’il faut punir, enfermer, voire exclure de la communauté nationale.

Or, ces «mauvais Français» sont également les plus pauvres, les plus en difficulté, ceux que les associations de solidarité côtoient quotidiennement. Les gens du voyage, tout d’abord, qui furent les premiers de la liste à être identifiés comme «posant problème», boucs émissaires faciles à montrer du doigt, du simple fait de leur mode de vie, qu’ils soient français comme la majorité d’entre eux ou étrangers originaires de l’est de l’Union européenne. Ce sont aussi les immigrés récents, souvent femmes et enfants, qui ont fui la guerre ou la misère, et qui sont expulsés manu militari des sq