«Le travail de prévention que vous faites est très utile mais vous n'êtes pas des travailleurs sociaux. Organiser un match de rugby pour les jeunes de quartier c'est bien… mais ce n'est pas la mission première de la police.» Toulouse, le 3 février 2003 : Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, vient d'enterrer publiquement la police de proximité, mesure phare du gouvernement Jospin. La mine déconfite, un homme en uniforme jette un regard vers le futur président de la République. Il s'agit de Jean-Pierre Havrin, alors directeur départemental de la sécurité publique de Haute-Garonne. Ce haut fonctionnaire est surtout un ex-conseiller technique du cabinet de Jean-Pierre Chevènement et, à ce titre, un des porte-drapeaux de la police de proximité. Cet épisode n'a fait que renforcer sa conviction que la sécurité est une «affaire sérieuse» qui «prend du temps» et ne saurait se réduire à des «effets d'annonce» et à des «gesticulations».
Depuis 2008 et l'élection du socialiste Pierre Cohen à la mairie de Toulouse, l'ancien flic est devenu son adjoint à la sécurité. Et il a remis au goût du jour son credo, la police de proximité. L'implantation de la police municipale a été repensée selon un principe de décentralisation. Sans toucher aux effectifs, les agents sont désormais repartis dans six secteurs de la ville par groupe de douze. «Ce sont toujours les mêmes personnes, précise l'adjoint. Cela permet aux policiers de s'