Il faudrait se caler dans la tête, et une bonne fois pour toutes, que l’insécurité, c’est pire que la prostitution ; et que ça date même de bien avant la prostitution. L’insécurité est née avec l’apparition du sexe, avec la venue du rythme, de la couleur, avec le mélange, c’est-à-dire le crime capital, la Faute, le péché originel. C’est dire que l’insécurité remonte à la nuit des temps, à l’apparition du vivant. Elle est inhérente à la condition humaine. Alors faut pas rêver ! L’insécurité est une affaire de sexe, et elle disparaîtra avec le sexe, avec l’Autre, l’altérité. Perspective qui ne relève plus du rêve, par les temps clonesques qui courent : c’est pour demain, c’est-à-dire bientôt. Donc un peu de patience, et on n’entendra plus parler de l’insécurité ; encore moins de la liberté, car il n’est pas de liberté sans altérité. Autrement dit, l’insécurité est consubstantielle à la liberté.
Quand l’Identité aura enfin trouvé le moyen de se perpétuer sans le concours du sexe, alors la Différence, la liberté, l’insécurité, la spiritualité, l’art, le «con» et la langue disparaîtront ; le poète se taira à jamais, et l’Identité pourra redevenir ce qu’elle fut : une et indivisible et immortelle. On comprend que le problème de l’insécurité est intimement lié à la présence du trou noir, de l’inconnu, de l’incompréhensible, de l’incertitude, de l’immaîtrisable, du risque, en somme lié à la présence de l’Autre, du vide, de la différence, source de toute angoisse, de la peur et de l’e