Menu
Libération
Interview

«En négligeant les aides, on renforce la ghettoïsation»

Article réservé aux abonnés
Pour Bertrand Dubreuil, docteur en sociologie, les barrières culturelles sont un obstacle au départ en vacances des familles défavorisées :
publié le 20 août 2010 à 0h00

Bertrand Dubreuil est docteur en sociologie, il a collaboré avec l’association Vacances ouvertes, qui œuvre pour que les plus exclus partent en vacances.

Pourquoi un tiers des Français ne partent pas en vacances ?

La question financière est une des raisons principales. Mais c’est aussi sociologique et culturel. Si la majeure partie des Français partent en vacances depuis leur enfance, toute une couche de la population, issue de milieux socioculturels défavorisés avec de faibles ressources, n’imagine tout simplement pas partir en vacances. Ces personnes ne l’ayant pas fait avec leurs parents, elles ne savent pas comment s’y prendre une fois qu’ils ont des enfants. J’ai eu l’occasion d’analyser les comportements par rapport aux loisirs et aux vacances de plusieurs familles à revenus modestes dans le cadre d’un travail de recherche pour la Caisse nationale d’allocations familiales. A ressources égales, certains foyers partaient, d’autres non car ils n’en avaient pas acquis l’habitude. Il y a aussi une forme de honte sociale. Les vacances sont un attribut du bonheur et de la réussite. Nous sommes dans une société qui valorise les congés. C’est ancré dans notre histoire. Ces familles vont penser qu’elles ne vont pas adopter le bon comportement et que la différence de milieu va se voir.

En quoi partir est important ?

Au-delà du bien-être physique et psychologique qu’apporte une rupture dans un rythme de travail soutenu, des vacances sont importantes pour la vie familiale et la parentalité. L’association Vacances ouvertes apporte une aide financière et technique pour des é