Ils sont une soixantaine à descendre de l'avion qui les ramène de Lyon à Bucarest. «Nous attendions 79 personnes mais seulement 61 se sont présentées à l'embarquement», commente sèchement un officier de la police roumaine des frontières. Les Roms portent de lourds bagages et ne sont pas bavards. «Les journalistes nous ont couru après à Lyon, vous faites la même chose ici», lance Mihaela, une femme d'une quarantaine d'années en s'engouffrant dans une voiture.
Gabriel, 37 ans, est plus loquace : «Je vivais à Grenoble avec ma femme et mes deux filles, je travaillais parfois au noir, mais depuis quelques semaines la situation était devenue assez dure. La police nous harcelait, la préfecture aussi. Nous avons décidé d'accepter l'argent [300 euros par adulte et 100 par enfant, ndlr] et de rentrer en Roumanie.» Va-t-il y rester ? Gabriel n'en est pas sûr: «Je suis de Petrosani, ville minière en faillite. Il n'y a pas de boulot. Mais en France il est difficile de retourner tant qu'elle ne change pas de président.»
Du côté des autorités roumaines, des critiques ont commencé aussi a se faire entendre. Le ministre des Affaires étrangères, Teodor Baconschi, a exprimé mercredi son «inquiétude sur les risques de dérapages populistes», en affirmant désirer une «coopération loin de toute fièvre électoraliste artificielle». Traian Basescu, le président roumain, est plus nuancé. Il affirme «comprendre les problèmes que créent les camps d