Son grand-père, son père et sa mère avaient reçu la Légion d’honneur avant elle. Le premier pour des faits de guerre en 14-18. Le second pour avoir facilité le débarquement de 1944. Ce colonel du génie avait été décoré par de Gaulle en personne. Même médaille enfin pour la mère, récompensant des faits de résistance.
Anesthésiste à Pau, humanitaire pour Médecins du monde, Anne-Marie Gouvet a fait partie de la dernière promotion du 14 juillet. La «prestigieuse distinction», comme disait le courrier de l'Elysée, venait de lui être attribuée en récompense de son «engagement fidèle au service de la France». «Ma première réaction, raconte-t-elle, a été de me dire que je ne la méritais pas. J'ai pensé que c'était un trop grand honneur par rapport à mes parents.»
La seconde a été de la renvoyer à l'expéditeur. Le 23 août, dans une lettre ferme, elle explique à Nicolas Sarkozy la raison «très simple» de sa décision : «Je ne peux ni ne veux être associée, de près ou de loin, à la politique mise en œuvre par votre gouvernement.»
De retour de Kaboul, elle venait de voir un reportage sur des Roms dans la boue, attendant d'être expulsés. «Ces images m'ont tout de suite rappelé la détresse que je venais de voir en Afghanistan. Je ne pouvais pas imaginer revivre ces mêmes scènes un jour en France.» Et d'écrire au Président qu'elle «a travaillé dans trop de camps de déplacés pour tolérer la manière dont sont traités par la France les réf