Petit gabarit d'1,66 m mais grande pointure du banditisme, «Nino» Ferrara affiche toujours dans les cours d'assises une jovialité débordante, une gouaille sympathique et un moral d'acier. Pourtant, son évasion gonflée et dangereuse de Fresnes à coups de bazooka et d'explosif, lui a valu pendant sept ans un traitement spécial par l'administration pénitentiaire qui n'a pas supporté l'affront de cette attaque. Ainsi, de 29 à 36 ans, Antonio Ferrara, classé détenu particulièrement signalé (DPS), a été bouclé au quartier d'isolement de Fleury-Mérogis équipé de brouilleurs de portables et d'une aile réaménagée pour l'occasion, avec 28 surveillants dévolus «en permanence» à sa petite personne et des parloirs derrière «un hygiaphone avec un double vitrage de 15 cm».
Isolement. Lui qui n'a pas l'habitude de se plaindre se met quand même à protester au bout de trois ans à ce régime lors de son premier procès fin 2006 pour le braquage d'un fourgon blindé à Gentilly à Noël 2000 : «Les mesures de sécurité d'accord, mais faut pas en abuser», lance alors Nino avant de lâcher : «Y a pas un mot au-dessus d'excessif ? Je dirais même que c'est pervers. Je suis pudique, je ne veux pas faire pleurer mais à un moment…» A force d'isolement, Nino Ferrara aborde fin 2008 le procès de son évasion avec ses coaccusés de façon polie mais plus révoltée, excédé par les transferts soirs et matins en prison les yeux bandés, la crasse et l'exiguïté des geôl