«Dans quelques jours, des professeurs débutants vont se retrouver dans des classes avec des services entiers [dix-huit heures de cours par semaine pour un certifié, ndlr] sans savoir comment faire un cours» : Philippe Tournier, le secrétaire général du SNPDEN-Unsa (le syndicat majoritaire des chefs d'établissement), a résumé hier une inquiétude unanime en cette rentrée. Avec l'application de la réforme de la formation des enseignants, les débutants vont débarquer devant les élèves sans avoir été formés. «Nous redoutons de nombreux départs et démissions», a-t-il ajouté.
C’est un leitmotiv dans les conférences de presse des syndicats qui se succèdent ces jours-ci : on envoie les jeunes profs au casse-pipe… La réforme (la «masterisation») impose aux profs d’avoir désormais un master au lieu, généralement, d’une licence. Surtout, elle supprime l’année de formation en alternance que les jeunes suivaient après avoir réussi leur concours. Officiellement, le but est d’aligner la France sur le modèle européen de formation des profs et de revaloriser les salaires des débutants qui augmentent de 10% à la rentrée. Autre objectif, moins avouable : mécaniquement, la réforme permet d’économiser 16 000 postes.
«Depuis le début, cette réforme est menée dans des conditions catastrophiques, souligne Philippe Tournier, quoiqu'il arrive au printemps 2012 [allusion à la présidentielle], il faudra rouvrir le dossier.» Mais en attendant,