Menu
Libération
EDITORIAL

Vieillisme

Article réservé aux abonnés
publié le 1er septembre 2010 à 0h00

Plus le temps passe, moins il est facile d’être jeune. A l’échelle individuelle, l’aphorisme pourrait être une lapalissade. Au plan collectif, c’est une des plaies majeures de la société française. Triomphants dans les années 60, imposant à leurs aînés leurs valeurs et leurs modes, préservés du chômage, ignorant la précarité, sûrs de trouver un emploi quand ils le voudraient, les jeunes de l’ancienne génération ont vécu ce qu’il est convenu d’appeler la «parenthèse enchantée». Ceux de la nouvelle sont enfermés dans le désenchantement. Dans une France officiellement jeuniste, c’est le «vieillisme» qui domine.

François Hollande a raison de faire de cette triste condition son cheval de bataille présidentiel. Certes, les jeunes ne forment pas une classe sociale. Il y a une jeunesse dorée, exempte de la plupart des épreuves ; il y a une jeunesse diplômée, qui s’en sort bien au bout du compte ; les plus anciens ne sont pas moralement coupables : les transferts financiers intergénérationnels sont considérables. Mais l’entrée dans la vie active, pour la grande majorité des moins de 30 ans, est une galère scandaleuse. Stages interminables, logement hors d’atteinte en centre-ville, embauche à durée limitée, lenteur exaspérante des débuts de carrière : rien n’est plus pénible que le plus bel âge de la vie. Et comme tout cela est le résultat de mécanismes largement involontaires, ou encore le sous-produit d’une crise économique qui s’impose à tous, les voies du salut sont obscures. Dans