Menu
Libération

Un fichier bien caché stigmatise les Roms

Article réservé aux abonnés
La découverte d’une liste de gendarmerie qui associe, au mépris de loi, «délinquance itinérante» et «minorités non sédentarisées» provoque la colère des associations.
Une femme de la communauté Rom en provenance de Marseille, assise près de ses bagages, à l'aéroport de Bucarest, le 14 septembre 2010. (© AFP Andrei Pungovschi)
publié le 8 octobre 2010 à 0h00

Quatre associations ont déposé plainte contre un «fichier ethnique, illégal et non déclaré» de la gendarmerie sur les Roms et les gens du voyage. L'existence de tels fichiers interdits a toujours été niée par le gouvernement français.

Comme l'a révélé Le Monde daté du 8octobre, l'action en justice de la Voix des Roms, l'Union française d'associations tsiganes (Ufat), la Fédération nationale des associations solidaires d'action avec les Tsiganes et les Gens du voyage (Fnasat) et l'Association nationale des gens du voyage catholiques (ANGVC), s'appuie sur des documents de l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI), dirigé par un colonel de gendarmerie, et destinés à «effectuer une généalogie des familles tsiganes», ce qui «ne semble possible qu'avec l'utilisation d'un fichier» dénommé Mens, pour «Minorités ethniques non sédentarisées».

«Généalogie» Les avocats Mes William Bourdon, Henri Braun et Françoise Cotta ont découvert sur Internet la présentation des missions de l'OCLDI par un chef d'escadron lors d'une conférence à Lille, en 2004. Ce gendarme expose «la généalogie des familles tsiganes», région par région, et attribue à chacune des habitudes délinquantes : vols de bijoux, trafic de voitures, blanchiment, etc. Les «groupes à risques» répertoriés décomposent «les gens du voyage» en deux ethnies («Manouches et Gitans»), puis les distinguent de