Menu
Libération

Accent aigu

Article réservé aux abonnés
publié le 9 octobre 2010 à 0h00

En janvier, une Anglaise s'est couchée un soir avec une violente migraine. Elle s'est réveillée le lendemain… avec un violent accent français. Et cela ne s'est guère amélioré depuis. Comme la BBC vient d'interviewer la malheureuse, chacun pourra constater à quel point le cas est spectaculaire (1). Mais pas unique. Depuis les années 40, les chercheurs ont en effet recensé une soixantaine de mésaventures similaires : Américaine qui, du jour au lendemain, se met à parler avec un accent chinois, Norvégienne qui cause soudain norvégien comme une Allemande, Britannique qui chope brutalement l'accent américain… Les spécialistes parlent de «syndrome de l'accent étranger».

Ça a l’air bénin comme ça, mais ça ne l’est pas. Ce syndrome, désormais bien documenté, est généralement consécutif à un accident vasculaire cérébral, une opération ou un traumatisme crânien. Il s’agit vraisemblablement d’une lésion de la zone du cerveau qui contrôle le langage. Cette lésion induit des troubles spécifiques de l’élocution que l’auditeur interprète comme étant un accent étranger. Les mécanismes en restent mystérieux. Il n’y a pas de remède à ce jour.

Depuis qu'on la prend en son pays pour une Française, l'Anglaise dont nous parlions plus haut a fait quantité de découvertes. D'abord que le frenchie n'est pas nécessairement le bienvenu outre-Manche. «Certaines personnes deviennent impatientes avec vous, plus sèches ; même leur langage corporel se modifie face à vous», témoigne-