C'est un sans-faute. Tous les chercheurs en sciences sociales et humaines suivent avec intérêt le parcours du nouveau globe-trotter des médias, le sociologue Hugues Lagrange. Son livre Le Déni des cultures - une «étude de terrain» sur l'immigration, l'insécurité et l'échec scolaire - fait un tabac, à droite comme à gauche : il aurait enfin levé un «tabou». Comment comprendre un tel succès ? Par une triple articulation : sa thèse culturaliste (expliquer les comportements des individus par leur culture d'origine, on disait encore «race» au temps des colonies) offre une caution «scientifique» aux politiques qui se mettent en place ; sa stratégie marketing est parfaite - «le brave chercheur de gauche, proche des Verts, qui fait du soutien scolaire dans les quartiers et qui pense qu'il est temps de lever un tabou…» ; et enfin le mélange des genres dans son livre, qui partant d'une étude sociologique apporte des analyses très personnelles et offre des conclusions générales d'un simplisme incroyable offrant un «prêt-à-l'emploi» digérable pour tous. Le tour est joué. Mais a-t-il véritablement levé un tabou ? Certes, non. Tous les chercheurs sur l'immigration vous le diront : dans chaque vague migratoire, dans un contexte donné, le taux de criminalité et l'échec scolaire sont plus élevés. Ce n'est pas une question de culture, mais de contexte, avec de multiples facteurs. Mais que la thèse culturaliste est rassurante, et voilà comment les Subsahariens (musul
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Le culturalisme et ses faux tabous
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publié le 15 octobre 2010 à 0h00
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