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Libération

Mai 68, mère de toutes les batailles

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Depuis plus de quarante ans, lycéens et étudiants reproduisent lors de leurs mouvements les formes d’organisation et de manifestation de leurs aînés.
par Ludivine Bantigny, Maître de conférences à l'université de Rouen
publié le 15 octobre 2010 à 0h00

«Nous appelons à construire un mouvement de grève reconductible, main dans la main avec les salariés» : adoptée mardi en assemblée générale par les étudiants de l'université Paris-I-Tolbiac, la motion trouve écho dans le slogan«grève générale jusqu'au retrait»scandé par les manifestants lycéens et étudiants hier après-midi dans les rues de Paris et de nombreuses autres villes. Parmi les actions décidées, la jonction avec le mouvement des salariés s'affirme comme le cœur de la stratégie adoptée.

Elle s’inscrit elle-même dans une histoire déjà dense : depuis 1968, les mouvements lycéens et étudiants se sont succédé avec une remarquable régularité. On retiendra, parmi les plus saillants, l’opposition à la loi Debré en 1973, la mobilisation contre la réforme Saunier-Seité en 1976, la lutte contre la loi Devaquet en 1986, les mouvements contre le CIP (Contrat d’insertion professionnelle) en 1994, contre le CPE (Contrat première embauche) en 2006 et contre la LRU (Loi relative aux libertés et responsabilités des universités) en 2009.

Apprentissage. Ces mobilisations s'affirment chaque fois comme des démonstrations d'un véritable apprentissage politique. Elles démentent par là les discours qui entendent dénier aux jeunes le statut politique de leurs actions, les rabattant sur leur seul aspect festif, ludique et transgressif.

Un savoir-faire politique se manifeste bel et bien d’un mouvement à l’autre, d’une génération à l’autre. Ainsi, l’une des const