Menu
Libération
Interview

«L’usage du flash-ball a été élargi»

Article réservé aux abonnés
Fabien Jobard, chercheur au CNRS, pointe la faiblesse des stratégies policières :
publié le 16 octobre 2010 à 0h00

Chercheur au CNRS, Fabien Jobard est spécialiste des techniques de maintien de l’ordre.

Dans quel cadre la police peut-elle faire usage du flash-ball ?

Le flash-ball a fait l'objet d'une diffusion progressivement élargie dans la police. Au milieu des années 90, Claude Guéant, à l'époque directeur général de la police nationale [DGPN, ndlr], prévoit une diffusion restreinte, dans des cas de risque élevé pour les policiers (franchissement de barrages, menaces par arme, etc.). Quinze ans plus tard, l'actuel DGPN, Frédéric Péchenard, ne peut que constater, dans une instruction de 2009, que l'arme sert à «toutes les unités confrontées à des phénomènes de violence», ce qui est autrement plus large !

La multiplication des incidents s’explique-t-elle par l’élasticité de la notion de légitime défense ?

La légitime défense peut être vue comme une notion large. Mais il faut garder à l'esprit que la force policière est toujours bornée par deux principes : «nécessité» et «proportionnalité». Si un policier fait usage de son flash-ball pour porter atteinte à un individu, il ne doit le faire que si le flash-ball est le moyen le plus approprié pour faire cesser la menace et si les dommages sont proportionnels au risque encouru. Mais le flash-ball reste une arme dangereuse. Le manuel d'emploi de la police évoque «des risques de lésion qui peuvent être très importants et irréversibles».

Les unités de police sont-elles suffisamment formées pour l’usage d’armes comme le flash-ball ?

La question de la formation est moins centrale que celle des conditions d'emploi. Le flash-ball est en quelque sorte l'étendard des évolutions de la police aujourd'hui.La plupart des incidents émanent de brigades urbaines envoyées en urgence sur des