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Libération

Un joujou qui fait crac, boum, hue !

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publié le 16 octobre 2010 à 0h00

Un poney en peluche a été trouvé devant une école primaire d’Orlando en Floride. Un joli poney brun avec une crinière blonde, haut d’une douzaine de centimètres. Comme un fil bizarre pendouillait de l’animal, la direction de l’école a appelé la police. Celle-ci a rapidement classé le jouet abandonné dans la catégorie des engins suspects, puis elle a fait évacuer le périmètre. Une équipe de démineurs a été appelée, qui a fait exploser le poney avec un dispositif téléguidé.

La scène a été filmée par une télé locale. Evidemment, les images ont fini sur YouTube et quelques autres sites (1). Le poney qui explose est devenu durant quelques jours une de ces vedettes instantanées de la vidéo internetisée, au même titre que la folle qui jette un chat dans une poubelle après l’avoir caressé, ou le Chinois manchot qui joue du piano avec ses doigts de pied. La jouissance que l’on éprouve devant l’explosion de la peluche vient de ce qu’un mélange parfait d’innocence et de violence nous saute (pardon) littéralement aux yeux. Mais ce déploiement de force grotesque, comme un résumé compact de l’obsession sécuritaire du moment, n’est pas seulement drôle et brutal, c’est aussi un joli tremplin pour l’imagination.

A la fin de son film Zabriskie Point, Michelangelo Antonioni montre, au ralenti et sous de multiples angles, l'explosion d'une belle maison contemporaine. Puis idem avec un frigo, une bibliothèque, une penderie, tous remplis d'objets et de victuailles de luxe. Ces scènes sont