Tu te diras sûrement qu’une virée sur le bitume pour manifester contre la réforme des retraites est une aubaine pour toi, «p’tite racaille» de la cité. C’est enfin là que tu vas pouvoir mettre un bon souk teinté de casse, d’agressions, la capuche sur la tête et le visage emmitouflé dans une écharpe. De l’avis général, tu ne peux te comporter que de la sorte car tu n’as pas de cerveau, pas de savoirs, pas de connaissances, pas de conscience politique et encore moins de désir d’avenir ou de solidarité pour tes aînés et tes compatriotes. Ce qui t’intéresse, c’est le bordel et rien d’autre. C’est évident ! C’est ce que disent de toi tous les citoyens qui t’observent devant leur télé ou qui manifestent dans la rue. Tu fais peur ! Ça te fait plaisir ? Tu as raison, c’est exactement ce qu’attendent de toi les guetteurs de l’extrême droite soutenus par un bataillon de militants UMP qui se frottent les mains en cachette. Ils vont pouvoir affirmer sans mentir qu’ils ne vivent pas dans un sentiment d’insécurité, mais dans une terreur réelle.
Si ton entrée dans le mouvement de protestation est motivée par un désir de partager avec d’autres ta crainte de l’avenir que promet la réforme des retraites, si tu veux manifester ta souffrance et celle des jeunes de banlieue relégués au second plan de la citoyenneté, alors, oui, tu as toute la légitimité et un intérêt à être dans la rue.
Il y a des combats qui doivent rassembler toute la jeunesse, unie par deux points communs : son âge et l’avenir