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Interview

«La chirurgie doit basculer dans l’évaluation»

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Santé . François Aubart, vice-président du Conseil national de chirurgie, revient sur la fermeture d’un service de l’hôpital de Metz :
publié le 5 novembre 2010 à 0h00

François Aubart, chef du service de chirurgie orthopédique à l’hôpital d’Eaubonne (Val-d’Oise), est vice-président du Conseil national de chirurgie.

L’affaire du service de chirurgie cardiaque de Metz, où le chirurgien a été suspendu, vous semble-t-elle un cas unique, ou bien révélatrice de certaines pratiques ?

D'abord, selon le rapport des experts, il y a de quoi être surpris. Avec des taux de mortalité, dans ce service, deux fois et demi supérieurs au taux national pour la chirurgie des coronaires et quatre fois et demi pour le valvulaire, ce n'est pas anodin. Et on apprend que cette situation n'est pas en lien avec la gravité de l'état des malades. A Metz, les patients à bas risque ont une mortalité multipliée par deux et ceux à haut risque ont une mortalité multipliée par quatre. Les experts écrivent que notamment pour les opérés âgés, «il est pratiqué une chirurgie maximaliste, extensive, longue et particulièrement délétère». Et à cela s'ajoute la question des dépassements d'honoraires. A ce niveau-là, il ne s'agit pas de dépassements banaux, mais d'une véritable entreprise de surcotation. Au passage, on ne peut que s'étonner que la direction de l'hôpital ait pu ne pas connaître cette situation. Bref, il y a, semble-t-il à Metz, une situation très particulière. En même temps, cette affaire pose la question plus générale de l'évaluation de nos pratiques.

Peut-on évaluer les pratiques chirurgicales ?

A Metz, tout cela a été possible parce que ce service fonctionnait en autarcie. La chirurgie doit basculer dans une évaluation, conciliant aussi bien les données cliniques des patients que les pratiques éthiques.

Ce n’est pas le cas ?

Non. Aujourd’hui, c’est l’opacité. A l’image du chirurgien qui,