«C'est une affaire originale, amorce le président du tribunal. Et d'une actualité brûlante…» Devant lui, deux hommes de 20 ans, un peu impressionnés. Noé et Joachim sont accusés d'avoir jeté des bouteilles sur des policiers à l'issue d'une manifestation contre la réforme des retraites. Ils le contestent. Ils seront jugés le 16 décembre. Jusqu'au procès, ils ont été soumis à un contrôle judiciaire peu commun, qui leur interdit de participer à une manifestation. «J'ai défendu beaucoup de manifestants, je n'avais encore jamais vu cela», témoigne Me Irène Terrel, leur avocate. Hier, au Palais de justice de Paris, ils faisaient appel de cet imaginatif contrôle judiciaire.
Noé Chambon est paysagiste à Paris. Joachim Devillers, étudiant en musicologie à la Sorbonne. Le 16 octobre, ils ont défilé contre le projet du gouvernement sur les retraites. La manifestation dispersée, ils s'attardent place de la Nation. Des jeunes (que Noé et Joachim assurent ne pas connaître) jettent des bouteilles sur les forces de l'ordre qui encerclent progressivement le groupe. «On a fini par rentrer dans une bouche de métro, raconte Joachim. Arrivé sur le quai, j'entends derrière moi quelqu'un qui crie : "Ils arrivent !" Je me retourne, je vois un militant CGT qui court, du coup je cours aussi. Et je me retrouve par terre, menotté dans le dos : le militant était en fait un policier avec un autocollant CGT.» Contactée hier, la préfecture de police de