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Bataille navale

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Magali Drouet et Sandrine Leclerc. Filles de salariés de DCN tués dans l’attentat de Karachi en 2002, elles insistent pour que les responsabilités soient établies.
(Samuel Kirszenbaum)
publié le 18 novembre 2010 à 0h00

Magali Drouet et Sandrine Leclerc ne votent plus depuis 2002. «Ce n'est pas forcément un exemple à suivre, mais je ne peux pas prendre le risque de soutenir une personnalité qui pourrait être impliquée dans la mort de mon père», explique doucement Sandrine. «Quand je voyais écrit "Liberté, Egalité, Fraternité" sur ma carte d'électeur, ça me donnait envie de la déchirer», assène Magali. Elles sont deux femmes de 35 ans, filles de deux salariés de DCN, la Direction des constructions navales, tués le 8 mai 2002 dans l'attentat de Karachi. Leur livre On nous appelle «les Karachi» est en librairie depuis quelques jours. Ecrit sans nègre - ce n'est pas si fréquent pour un témoignage -, mais avec leur double voix, leur révolte, leur naïveté, aussi. Sandrine : «Longtemps on ne voulait pas écrire. Puis l'envie de se souvenir a gonflé. On s'est alors dit que la façon dont on nous a traitées, c'était quand même énorme.» Comme leur plan média, signe que la mémoire de Claude Drouet, chef d'équipe charpentier et de Jean-Yves Leclerc, mécanicien diéséliste, revient sur le devant de la scène, après des années de quasi-anonymat dans l'opinion.

Cette réhabilitation publique est une des rares certitudes de l'affaire. Car personne ne peut encore dire qui a tué les onze Français et leurs trois collègues afghans, encore moins pourquoi. Mais en attendant «la clé, qui peut ne jamais arriver comme arriver demain», Magali et Sandrine ont noirci ces pages av