Bécassine au pays des puissants labos ? Allons donc, il faut se méfier d’Irène Frachon, elle est tout sauf naïve. Et ce fut la grossière erreur des laboratoires pharmaceutiques ou des administrations sanitaires dans l’affaire du Mediator : avoir pris cette femme de 48 ans pour une gentillette médecin de Brest qui ne rêvait que d’être en haut de l’affiche…
Irène Frachon le sait. Elle s'en amuse et, en tout cas, elle a su en jouer. Quand elle a senti que l'affaire devenait délicate, voire brutale, elle a fait profil bas, laissant courir ces méchantes rumeurs. «Cela me protégeait.» Et elle a continué, n'en revenant pas de ce qu'elle mettait à jour.
Le Mediator est un médicament coupe-faim, de la classe des anorexigènes, produit par le laboratoire Servier. Largement prescrit depuis les années 90, il a pu se révéler extrêmement dangereux, voire mortel pour le patient. Et on ne s'en préoccupait guère. Plus grave, Irène Frachon a découvert des connivences en série entre experts et industriels. «Je suis quelqu'un de très ordinaire qui s'est retrouvé embarquée dans une histoire extraordinaire», résume-t-elle, aujourd'hui, alors que toutes ses recherches viennent d'être confirmées avec le constat que ce médicament pouvait avoir tué «au moins 500 personnes».
Le docteur Irène Frachon est une femme blonde, à l’élégance classique. On pourrait ne pas la remarquer. Elle aime le chant et le bateau, même si elle souffre du mal de mer.
«Vous ne voulez pas goûter du v