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Libération
TRIBUNE

HEC, école de l’acquiescement au libéralisme

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par Tom Schmitz, Diplômé d’HEC en 2010
publié le 3 décembre 2010 à 0h00

Depuis le début de la crise économique mondiale, la formation dispensée par les grandes écoles de commerce est fortement critiquée (1). Or, ce débat n’a pas encore assez pris en compte les mécanismes par lesquels ces institutions influencent et conditionnent leurs étudiants.

La vision du monde véhiculée par une école telle HEC a été marquée par le triomphe de l’orthodoxie libérale dans les années 70-80. Les idées de ce mouvement ont été utilisées comme une justification commode de l’égoïsme, de l’irresponsabilité et des inégalités croissantes, et les parcours des diplômés s’en trouvent fortement marqués : recherchant prestige et salaires élevés, ils ont investi en grand nombre les métiers de la finance et du conseil, sans questionner leur sens social. Dans des activités plus utiles aussi, leur obsession du seul profit s’est avérée désastreuse. Il faut alors se demander pourquoi de si nombreux étudiants ont accepté, apparemment sans critiques, cet ensemble de valeurs et continuent de le mettre en œuvre.

Ces étudiants ne sont pas tous cyniques ou indifférents. Au contraire, c’est leur formation qui arrive à susciter leur adhésion progressive. HEC réussit cela par trois mécanismes intimement liés : l’incitation à l’acceptation passive et à la paresse intellectuelle, la création d’échappatoires et la promotion de l’esprit de corps.

L’acceptation passive est d’abord promue par le contenu des cours. Pendant la plus grande part de la scolarité, ils sont sans intérêt et peuvent être va