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Libération

Les humanités craignent de voir le grand emprunt leur passer sous le nez

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publié le 3 décembre 2010 à 0h00

Mais à quoi peuvent bien servir encore aujourd'hui les humanités, et plus largement tous ces universitaires spécialistes de sociolinguistique, de phénoménologie, d'antiquité gréco-latine, de protohistoire, d'ethnomusicologie, d'anthropologie des dynamiques sociales, etc ? De façon théâtrale, Anne Fraïsse, la présidente de Montpellier-III, une université d'arts, lettres, langues, sciences humaines et sociales (SHS), a relancé le débat. Y a-t-il encore de la place à l'université pour les disciplines «qui ne servent à rien», où les recherches ne débouchent pas sur des innovations technologiques ni sur des avancées médicales ? Ou sont-elles condamnées à s'étioler et à ne plus servir qu'à former des profs ? Avec le grand emprunt - où 11 milliards d'euros sont réservés à des projets «d'excellence» dans le supérieur et la recherche -, les inquiétudes sont relancées : les lettres et les SHS ont la désagréable impression d'y jouer les seconds couteaux.

Le 17 novembre, Anne Fraïsse a diffusé un communiqué qui a fait l'effet d'une petite bombe à Montpellier. Elle annonce qu'elle se retire des discussions sur le projet que les trois universités - alliées à des écoles et des organismes de recherche - veulent présenter dans le cadre des «initiatives d'excellence» financées par le grand emprunt. Elle estime que dans ce projet, intitulé «l'homme dans son environnement en mutation», l'agronomie, la chimie, la biologie ou encore la santé - c'est-à-dire les sciences dures et appliquées