Martin Hirsch, avant d’être le créateur du RSA, a été directeur de cabinet de Bernard Kouchner - alors ministre de la Santé - puis directeur de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Il s’est récemment penché sur la question des conflits d’intérêts.
Le Mediator, une affaire d’Etat ?
Cette affaire est d’abord incompréhensible et, surtout, désespérante, car les réformes qui ont suivi le sang contaminé et l’hormone de croissance étaient justement destinées à éviter un drame de cette ampleur. Aujourd’hui, c’est cette organisation qui vacille.
Vous dites incompréhensible ?
Il est difficile de comprendre pourquoi le système sanitaire français semble avoir été efficace pour l'Isoméride [coupe-faim, ndlr], retiré en 1997, et si peu réactif pour le Mediator. Pourquoi les mêmes réflexes n'ont-ils pas joué ? Pourquoi la connexion entre la classe de médicaments retirée au milieu des années 90 et le Mediator n'a-t-elle pas été faite immédiatement ? Les responsables des autorités sanitaires avaient dû batailler ferme pour le retrait de l'Isoméride. Il semble que le cas du Mediator ne leur soit pas remonté, comme s'il y avait une étanchéité entre deux tiroirs d'une même armoire.
Comment l’expliquer ?
Il semble que personne n’a d’explication logique et complète. On est dans la même situation que l’aviation civile quand un crash remet en cause des procédures qu’elle pensait éprouvées. Cela impose réexamen, investigation de toutes les pistes et changements. On voit que les échanges d’informations entre autorités sanitaires et assurance-maladie doi