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Libération
Interview

«J’ai le sentiment d’avoir été un cobaye»

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Pour maigrir, Michèle Druguet, 50 ans, a pris du Mediator durant plusieurs années.
publié le 9 décembre 2010 à 0h00

Al'hôpital, on l'a prévenue qu'avec son surpoids, une opération à cœur ouvert lui serait fatale. Il lui faut maigrir. Mais comment, quand toute activité physique est une souffrance ? «Je marche cinq minutes, je suis essoufflée. Nager ? Je me noierais.»

Les premiers symptômes sont apparus il y a quatre ans. Fatigue, toux, souffle court. Michèle Druguet pense d'abord à une bronchite et puis, toutes les nuits ou presque, vient cette impression que le cœur lâche d'un coup. «Moi qui étais très active, je ne peux plus soulever une feuille. Je repasse dix minutes, je dois récupérer une demi-heure.» L'idée de se retrouver «légume», «fardeau pour la société» à 50 ans lui est intolérable, elle qui a créé deux sociétés en informatique. «Je n'avais jamais compris ces gens qui ne travaillaient pas. J'étais persuadée que quand on veut, on peut.»

Aujourd'hui, elle vit du revenu de solidarité active et tente de faire bonne figure auprès de son plus jeune fils, 12 ans, qu'elle élève seule dans leur maison, près de Nîmes. Mais ces dernières semaines, elle craque. A la fatigue est venue s'ajouter la colère. C'est sa sœur, infirmière, qui l'a appelée un soir de novembre. «Allume la 2, ils parlent du Mediator.» Les deux femmes en ont pris plusieurs années pour chasser les kilos - sans résultat d'ailleurs, mais «au moins, on pouvait manger de tout sans grossir».

Sa sœur n'a rien, mais Michèle, elle, souffre de fuites mitrale et aortique. Une path