Il y a peu, Dominique Poissenot a téléphoné au médecin qui, en 1997, lui avait prescrit du Mediator. «Il ne m'a même pas demandé comment j'allais.» Mal, en réalité. A l'époque, cette infirmière a cinq kilos à perdre. Elle se tourne vers un «médecin spécialisé» qui, en complément d'un régime, lui prescrit le coupe-faim. «Je n'avais rien demandé, j'ai posé des questions. Et je lui ai fait confiance.» Les deux années suivantes, elle avale trois comprimés par jour. Aucun effet, ni sur le poids, ni secondaire. Elle arrête. Commencent alors les essoufflements, la fatigue au moindre effort. «Passer l'aspirateur, c'est une heure allongée ensuite pour souffler.»
Cette Montpelliéraine n'est pas du genre à se plaindre. Alors elle n'en parle à personne et serre les dents. Elle se lance dans une série d'examens. Il lui faudra se «battre férocement contre les médecins» pour, enfin, à l'hôpital Pompidou à Paris, savoir ce qu'elle a : altération des valves cardiaques. En comprendre la cause prendra huit ans de plus. Le déclic est arrivé il y a trois semaines, quand deux études sont venues confirmer que le Mediator provoquait un risque élevé de valvulopathie. Le choc encaissé, elle a contacté un avocat, puis Servier. «Ils m'ont écoutée. S'ils me proposent un dédommagement, je le prendrai. Je peux encore vivre cinq, dix, quinze ans, mais dans quel état ? On pense à la dépendance.» Surtout, elle ne se voit pas s'embarquer dans quinze ans de