Emballement ? Prémices d'une affaire d'Etat ? Depuis quelques jours, l'histoire du Mediator - ce coupe-faim interdit fin 2009, produit par le laboratoire français Servier qui a pu provoquer plus de 500 morts - monte en pression. Mardi, les députés socialistes ont ainsi pris un coup de chaud, réclamant avec force une mission d'information parlementaire. De son côté, le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, s'est énervé. Accusé de complaisance sur France Inter, il fait part de sa stupeur devant «pareil amalgame».
Et pendant ce temps-là, les trois enquêteurs de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales), avec parmi eux l’ancien conseiller de Lionel Jospin à Matignon, Aquilino Morelle, multiplient les auditions. Ils doivent rendre leur premier rapport avant le 15 janvier.
«On le sait, une catastrophe de cette nature ne peut pas avoir une seule cause», analyse un ancien directeur d'une agence sanitaire. Retour sur trois rendez-vous manqués.
1999
Premières interrogations
Nous sommes à la fin des années 90. A Marseille, le Dr Georges Chiche est cardiologue. L'homme est pointilleux, sérieux et très chaleureux. L'Isoméride, cet anorexigène de Servier, retiré du marché en 1997 ? Il le connaît. Comme tout praticien. Il sait que cette classe de médicaments n'est pas anodine. «En 1999, j'ai devant moi un patient qui a fait un infarctus. Mais avec des lésions de la valve aortique. Ce qui est bizarre. Et quand je lui demande quel médica