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TRIBUNE

Mediator, une histoire française

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Mediator, le procèsdossier
par Sophie Chauveau, Maître de conférences en histoire contemporaine, Lyon-II
publié le 9 décembre 2010 à 0h00

Peut-être aurait-il été préférable que le Mediator ne soit pas fabriqué par un laboratoire français indépendant. Le parallèle que dresse le docteur Irène Frachon avec l'affaire du sang contaminé est saisissant. De la même manière qu'il semblait impossible, il y a plus de vingt-cinq ans, de mettre en cause la transfusion sanguine française, alors considérée comme la meilleure au monde, il semble tout aussi difficile aujourd'hui de soupçonner l'un des derniers laboratoires «indépendants», une entreprise dont le capital est non seulement français, mais surtout aux mains de la famille Servier. A l'origine implantés à Gidy, non loin d'Orléans, les laboratoires Servier ont depuis installé leur siège social à Neuilly. Ils possèdent le premier fabricant français de médicaments génériques, Biogaran. Si l'entreprise revendique d'importants effectifs dans la recherche, 3 000 salariés sur 20 000, elle n'a pas à son actif de grande molécule ou blockbuster, elle s'est plutôt fait connaître par la commercialisation de médicaments de confort (Locabiotal, Arcalion…) et de me-too (1) dans le traitement des troubles cardio-vasculaires ou du métabolisme. Surtout, le docteur Jacques Servier est, depuis les années 70, un défenseur redoutable de l'industrie pharmaceutique française, accusant les pouvoirs publics de nuire au secteur par les mesures de déremboursement de spécialités et par l'alourdissement des procédures préalables à l'obtention de l'autorisation de mise sur le mar