Dans le portefeuille d’Alphonse B., il n’y a que des papiers neufs, recouverts de films plastiques encore impeccables : permis de conduire, carte de Sécurité sociale, carte de séjour. Il les manipule avec soin. Il sait pourtant qu’ils ne valent plus rien.
Il y a un an, ce Béninois de 33 ans obtenait, via une décision du tribunal administratif de Lyon, sa régularisation après huit années de vie en France. Mais la préfecture du Rhône a fait appel. Et, ce mois-ci, la cour administrative d'appel de Lyon est revenue sur la décision, demandant l'annulation de son titre de séjour. Alphonse B. ne comprend pas ce qui lui arrive. Il répète : «Tout ça pour ça.» Parle d'une «douche froide».
L'an dernier, avec d'autres sans-papiers fraîchement régularisés, il avait accepté de raconter à Libération le début de cette vie «normale» qu'il pensait alors à durée indéterminée. Il nous parlait de la fin de la peur. De ses projets professionnels et de cette deuxième fille qui allait bientôt naître.
Ecole maternelle. Le début de cette vie avec des papiers s'est déroulé comme il l'imaginait. Quelques semaines après sa régularisation, Alphonse B. obtenait un CDI dans la sécurité. Il s'offrait même le luxe de changer de travail le mois suivant pour un poste plus intéressant. Il précise qu'il a une voiture de service. En avril, Elodie, sa compagne, elle aussi béninoise, mettait au monde leur deuxième enfant. L'aînée a pu être inscrite à l'école materne