Comment Servier, les autorités et les politiques ont-ils laissé le Mediator faire, selon deux études scientifiques, entre 500 et 2 000 morts ? C'est la question à laquelle doit répondre l'Inspection générale des affaires sociales, dont le rapport est attendu mi-janvier. Commercialisé depuis 1976 et prescrit à près de 5 millions de Français, le Mediator a été vendu et présenté par Servier comme un antidiabétique, dont l'efficacité sera jugée «insuffisante» par les autorités de santé en 1999. Conseillé par certains médecins comme coupe-faim, le Mediator, dont Servier assure qu'il n'a pas dépassé les 0,7% de son chiffre d'affaires hexagonal, va pourtant échapper mystérieusement à l'interdiction générale des coupe-faim amphétaminiques. Avant d'être totalement interdit à la vente en novembre 2009.
Petits cercueils. L'affaire devient troublante lorsque l'on sait que le fameux Mediator a eu deux cousins, le Pondéral et l'Isoméride, commercialisés plus tard mais interdits il y a treize ans après un premier scandale riche en coups tordus. Ces coupe-faim boulottés par les femmes pour maigrir ont fait la fortune de Servier dans les années 80 (70 millions de patients en ont pris). «C'est l'Isoméride qui a fait exploser l'entreprise économiquement», se souvient un ancien de Servier. Mais le labo s'est toujours gardé de dire qu'il s'agit de dérivés d'amphétamine, aux effets secondaires déjà connus à l'époque. Car dans les années 60, un autre coupe-faim am