Menu
Libération
Enquête

Les méthodes de l’ombre du labo Servier

Article réservé aux abonnés
«Libération» raconte les coulisses du fabricant du Mediator. Dirigé de main de fer, le groupe s’illustre par son culte du secret, son marketing sans scrupules et son lobbying politique.
Vue d'échantillons de médicaments, le 4 juin 2004, dans les laboratoires pharmaceutiques Servier à Gidy la Forêt. (© AFP Daniel Janin)
publié le 23 décembre 2010 à 0h00

«Désolé, je n'ai pas envie d'avoir un accident de voiture, vous ne savez pas à qui vous avez affaire.» Un autre : «Je cherche du boulot, j'aimerais autant que mon nom ne sorte pas.» Ou encore : «Je ne crains pas pour ma vie, mais je n'ai pas envie de voir ma boîte couler.» Ainsi parlent les anciens de Servier contactés par Libération, entre peur et prudence, dignes d'un roman de John Le Carré. Les salariés, en interne, se drapent, eux, dans le mutisme. Cela ne tient pas seulement aux consignes imposées par Image 7, la puissante boîte de com choisie pour surmonter la crise du Mediator.

Servier, c'est l'histoire du docteur Jacques Servier, parti de presque rien dans les années 50, et qui a transformé en l'espace de soixante ans son petit labo en une multinationale de 20 000 salariés. Et qui lui a imprimé une culture unique. «C'est un peu la Corée du Nord de l'industrie pharmaceutique», diagnostique un ancien. Un labo qui a fait de la recherche et développement son credo et qui ne s'est pourtant jamais distingué par la qualité de ses molécules. Une entreprise qui a fait de la culture du marketing et du lobbying les vrais leviers de son développement.

Le culte du secret est dans son ADN. Tout est compartimenté, cloisonné. Et rien n'est transparent. Y compris les chiffres élémentaires d'une entreprise. Le bénéfice est par exemple un chiffre top secret que personne ou presque ne connaît. Il y a quelques années, alors que le ministère de l