Jacques Servier n'a jamais caché le peu d'estime dans lequel il tenait les hommes politiques. Il fait sienne cette note d'Anatole France : «Je pardonne à la République de mal gouverner parce qu'elle gouverne peu.» Mais rajoute : «Les temps ont changé : la voilà qui gouverne !» Cela n'a pas empêché le chef d'entreprise de cultiver au sein du monde politique honni l'un des meilleurs réseaux d'influence. L'intéressé n'en fait pas mystère : «Si j'habite Paris depuis longtemps, c'est pour la seule raison que dans notre pays, il faut constamment intriguer dans la capitale, multiplier les pas et les démarches», écrit-il en 2007 dans le Médicament et la vie.
Rares sont les politiques qu'il sauve. Comptons Nicolas Sarkozy (lire page 6), qualifié de «providentiel» dans une interview récente. Ou le centriste Jacques Barrot, un des rares à être cité de manière positive par Servier. L'éloge porte sur son action au ministère de la Santé en 1980. Servier s'en souvient sûrement quand il recrute au milieu des années 80 Madeleine Dubois, une proche collaboratrice de Barrot au ministère, pour s'occuper de la communication du groupe. Avant de repartir chez le même Barrot… pour devenir son chef de cabinet au ministère des Affaires sociales entre 1995 et 1997. Par la suite, Madeleine Dubois se partage entre les deux Jacques (Servier et Barrot). Sans quitter le giron de Barrot en Haute-Loire. Elle est alors conseillère générale du canton d'Yssingeaux. Et