C’est un pays oublié où l’on vit bien. Et pour pas cher. Un ancien bastion protestant au cœur d’un pays catholique, un canton, longtemps socialiste, cerné par la droite. Une terre de résistance. Aux confins du Poitou, de la Touraine et du Berry, loin du TGV et de l’autoroute (35 kilomètres), du premier supermarché (10 kilomètres), l’emploi reste suspendu au fil des maisons de retraite et de l’agriculture. Avec l’espoir de ne pas crever dans l’indifférence générale, de nombreux paysans, souvent jeunes, ont décidé d’emprunter des circuits courts grâce à des ventes directes à la ferme. Dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres, il est possible de se ravitailler en viande, volailles, fruits et légumes de saison, lait, pain (parfois bio ou sans OGM, parfois simplement de la ferme) sans jamais passer la porte d’un commerce ou adhérer à une Association pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap). Et, logiquement, les déplacements courts afin de se procurer des produits peu emballés engendrent un bilan carbone plutôt positif.
Depuis la retraite, en 2008, d'Henri son mari, Martine Robert gère avec leur fils Aurélien, 27 ans, la ferme des Bennestières sur la commune de Charnizay (Indre-et-Loire). Au total, 85 hectares d'herbage et 5 hectares d'épeautre pour l'alimentation de 157 vaches limousines labélisées Blason prestige, garanties sans OGM. «Un quart des ventes annuelles de bœuf se font en direct, soit 12 ou 13 bêtes, expliquent-ils. Des génisses ou des vaches