Pierre Juhel, ingénieur de l'Ecole nationale supérieure du pétrole, a notamment travaillé à la détection des mines sous-marines. Il est l'auteur de l'Histoire de l'acoustique sous-marine (Vuibert, 2005).
Comment se caractérise un bruit d’implosion sous-marine ?
C'est un bruit très particulier, que l'on appelle, dans le milieu de l'acoustique sous-marine, «un bruit blanc». Pour l'oreille, il s'apparente à une sorte d'aspiration, pouvant traduire, dans le cas du Bugaled Breizh, la restriction soudaine du volume de la cale du navire aspiré par le fond. L'implosion propose une composition spectrale faite d'infrasons, mais surtout d'ultrasons provoqués par la résistance mécanique des parois et leurs ruptures. Ces ultrasons, de très faible fréquence, ont une structure acoustique qui leur permet d'être perçus et identifiés de très loin en eau libre, parfois même à plusieurs centaines de kilomètres. Pour en déceler la provenance, il suffit d'appliquer une logique de triangulation en recoupant à la fois l'heure d'émission du bruit, la distance séparant son origine de la station d'écoute, ainsi que la vitesse de propagation du son.
Il est donc impossible d’imaginer que les navires militaires en manœuvre au moment de l’incident n’aient pas fait le rapprochement entre le bruit enregistré et le naufrage du chalutier…
S’il y avait des navires militaires en exercice, il semble évident que leurs sonars ont enregistré le signal de l’implosion. Mais, surtout, Français comme Anglais disposent, dans cette zone, d’hydrophones placés dans des stations d’écoutes sur la terre ferme, et qui enregistrent en permanence les bruits de la mer. Logiquement tout devrait être consigné dans leurs enregistrements.
L’implosion sous-marine est-elle un bruit que les acousticiens ont l’habitude d’entendre ?
Non, et c’est juste