Peut-on parler d'un essoufflement du LKP ? La mobilisation du 14 décembre a mis dans la rue 20 000 personnes, selon le collectif qui appelait l'Etat «à prendre ses responsabilités». Pour un observateur, il est «plus honnête» de parler de 8 000 à 10 000 personnes, «déjà un bon chiffre».
C'est que, deux ans après les quarante-quatre jours de blocage, la société guadeloupéenne serait, selon le psychologue Errol Nuissier, en pleine désillusion : «Il y a une sorte de désolation morale qui ne dit pas son nom. Les cicatrices de 2009 ne sont pas refermées. Il y avait une attente forte de changement matérialisée dans le collectif du LKP, car, au départ, les revendications étaient légitimes. Puis le mouvement a pris, petit à petit, un tour dictatorial.»D'où une évolution négative, selon lui : «Le LKP a voulu prendre le fouet des mains des Békés [les descendants des premiers colons, ndlr], pas qu'on arrête le fouet. Pour moi, le LKP a sacrifié les plus faibles, les plus modestes d'entre nous. Ceux-là ne s'en sont pas remis : ils ont tout perdu, alors que les cadres du LKP, souvent fonctionnaires, s'en sont tirés. Et ça, la population l'a vu et le sait.»
Pour Nuissier, qui fut proche de Domota avant de s'en éloigner et d'en devenir un adversaire, le pays est également «économiquement mal en point». Willy Angel, l'un des représentants du patronat local, confirme : l'économie est «complètement à terre». «Il faudra des années pour retrouver un